Une passion pour le soutien – Par Robert Hamilton

La salle de coloscopie paraissait minuscule une fois remplie d’équipement étrange. Mon gastroentérologue était jovial et l’infirmière qui l’assistait savait exactement ce qu’elle faisait. Sans tarder, je me suis retrouvé étendu sur la table, en train d’examiner un écran d’ordinateur avec mon médecin. J’avais pris rendez-vous pour une simple sigmoïdoscopie, évitant ainsi tous les préparatifs à une coloscopie que je ne croyais pas nécessaires, car je pensais que cet examen allait déceler une affection hémorroïdale.

« Voilà donc où se trouve le problème », m’a dit mon médecin en regardant l’écran; « j’ai déjà vu ce genre de chose et je pense savoir ce que c’est. » La masse sombre sur fond rouge semblait anodine.

« Ah oui? De quoi s’agit-il? », ai-je répondu calmement.

« Eh bien, je ne veux pas vous alarmer sans avoir procédé à une évaluation complète. Je vais effectuer une biopsie, puis nous prendrons un rendez-vous de suivi pour discuter des résultats. Je peux aussi vous dire tout de suite ce que je soupçonne; que préférez-vous? »

« Vous dites avoir déjà vu ce genre de chose; selon votre expérience, de quoi s’agit-il? »

« C’est une tumeur. C’est à ça que ressemble une tumeur cancéreuse. » J’étais sous le choc; j’ai gardé le silence pendant un long moment. « Avez-vous des questions? »

J’ai examiné l’écran de plus près. Je n’avais aucune idée du niveau d’agrandissement de l’imagerie vidéo. « À votre avis », ai-je demandé, « diriez-vous que ce que nous voyons est petit, moyen ou grand? »

« Je dirais que c’est de taille moyenne », a-t-il répondu. Et c’est ainsi qu’a commencé mon parcours avec le cancer.

Par coïncidence, mon partenaire et moi participions cinq jours plus tard à notre premier groupe de soutien sur le cancer colorectal.

Dans les années qui ont suivi, j’ai pris conscience de l’importance capitale que peut avoir le soutien par les pairs. Ce que j’ai appris sur le cancer colorectal par l’entremise d’autres patients, de survivants, d’aidants et de Cancer colorectal Canada a tout changé.

Par exemple, du fait qu’ils ont subi directement des traitements anticancéreux, les patients voient d’emblée si un document de soutien, quoique factuellement exact, a été rédigé par quelqu’un qui ne connaît pas vraiment les tenants et aboutissants d’une telle expérience :

– Ce que c’est d’affronter la réelle éventualité de son propre décès
– Ce que c’est de voir ses rêves et ses espoirs s’envoler en fumée
– Ce que c’est de ne plus se percevoir comme une personne en santé
– Ce que c’est de rassembler son courage pour affronter encore une autre séance de traitement anticancéreux

Le groupe de soutien sur le cancer colorectal est un endroit spécial, fondé sur l’amitié, la compassion, le courage, l’empathie, l’information sans artifices et une bienveillance profonde. Pour s’y retrouver dans l’éventail complexe d’options thérapeutiques, rien ne vaut le témoignage authentique de ceux qui sont passés par là et peuvent décrire sincèrement ce qu’ils ont vécu.

Cela s’applique également aux aidants : ces conjoints, partenaires et amis qui, à leur façon, accompagnent le patient tout au long de son cheminement avec le cancer. Trop souvent, le parcours éprouvant de l’aidant est sous-estimé. Il n’est pourtant pas rare de constater l’influence considérable qu’un aidant fort, engagé et positif peut avoir sur les résultats thérapeutiques. Ces expériences ont elles aussi leur place dans les discussions au sein du groupe de soutien sur le cancer colorectal.

Aujourd’hui, Kim Anne, une aidante, et moi-même, un survivant, transmettons notre passion pour le soutien d’autrui dans nos rôles bénévoles de coanimateurs d’un groupe de soutien sur le cancer. Nous collaborons pour guider délicatement la discussion, stimuler des échanges sincères entre les participants et offrir de l’information de référence utile, des nouvelles en matière de recherche et des ressources fiables auxquelles s’adresser, comme Cancer colorectal Canada. Parfois émotives, parfois légères, les conversations peuvent avoir un ton tantôt décontracté, tantôt sérieux et concentré, mais elles reposent toujours sur la ferme assise d’une approche compassionnelle.

C’est par l’entremise du travail remarquable de Cancer colorectal Canada que les groupes locaux de soutien par les pairs peuvent se faire connaître et offrir des renseignements pratiques et de l’aide sous le signe de l’empathie tout au long du parcours avec le cancer.

Robert Hamilton

Publié sur Facebook le 7 février, 2020

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