Les biomarqueurs et le cancer colorectal

Les biomarqueurs (abréviation de marqueurs biologiques) sont des molécules présentes dans les tissus et les liquides organiques, y compris les tissus tumoraux et le sang. Ils sont parfois appelés marqueurs tumoraux ou marqueurs moléculaires. La présence de certains biomarqueurs fournit à votre médecin des informations précieuses sur votre cancer.

Le traitement du cancer colorectal est aujourd’hui différent de ce qu’il était il y a quelques décennies. Dans le passé, si vous étiez atteint d’un cancer colorectal, vous auriez peut-être reçu la thérapie standard utilisée pour toutes les personnes atteintes d’un cancer colorectal. Nous savons aujourd’hui que deux personnes atteintes d’un cancer colorectal peuvent avoir des tumeurs très différentes au niveau moléculaire qui répondront différemment aux thérapies.

Les biomarqueurs pour un traitement personnalisé du cancer

L’utilisation de biomarqueurs a permis de créer une approche plus personnalisée du traitement du cancer, qui vous sera le plus bénéfique tout en entraînant le moins d’effets secondaires possible.

Il existe différentes catégories de biomarqueurs qui fournissent des informations différentes sur le cancer. Certains peuvent indiquer à vos médecins comment une tumeur pourrait se comporter à l’avenir en réponse à un traitement, tandis que d’autres peuvent indiquer si des cellules cancéreuses sont toujours présentes chez un patient après un traitement.

Les biomarqueurs pour un traitement personnalisé du cancer

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L’utilisation de biomarqueurs a permis de créer une approche plus personnalisée du traitement du cancer, qui vous sera le plus bénéfique tout en entraînant le moins d’effets secondaires possible.

Il existe différentes catégories de biomarqueurs qui fournissent des informations différentes sur le cancer. Certains peuvent indiquer à vos médecins comment une tumeur pourrait se comporter à l’avenir en réponse à un traitement, tandis que d’autres peuvent indiquer si des cellules cancéreuses sont toujours présentes chez un patient après un traitement.

Qu’est-ce que la recherche de biomarqueurs et quand est-elle pratiquée ?

Les analyses de biomarqueurs recherchent des gènes, des protéines et d’autres substances (appelées biomarqueurs ou marqueurs tumoraux) qui peuvent fournir des informations sur le cancer. Il est parfois appelé test moléculaire, test tumoral ou test génomique. Le meilleur moment pour effectuer un test est peu de temps après le diagnostic de cancer colorectal et avant le choix d’un plan de traitement. Même si vous n’avez pas pu effectuer un test de biomarqueurs avant de commencer le traitement, il peut être intéressant de le faire, car il pourrait avoir une incidence sur l’évolution de votre plan de traitement actuel.

Après un diagnostic de cancer colorectal, une intervention chirurgicale peut être pratiquée pour effectuer une biopsie de la tumeur. Une biopsie consiste à prélever un petit morceau de la tumeur afin d’en examiner les caractéristiques. Ensuite, la tumeur est testée en laboratoire pour détecter les biomarqueurs connus qui ont un impact sur les patients atteints de cancer colorectal.

Pour en savoir plus sur les ressources spécifiques liées aux tests de biomarqueurs, consultez notre programme « À chacun son traitement ».

Les biomarqueurs du cancer colorectal

BRAF V600E désigne une mutation précise du gène BRAF, lequel intervient dans la division cellulaire. Lorsqu’il présente la mutation V600E, le gène BRAF entraîne la prolifération des cellules cancéreuses et est associé à une évolution défavorable de la maladie. Les patients qui présentent la mutation V600E du gène BRAF ne répondront pas bien à un traitement par inhibiteurs du R-EGF.

Le traitement par encorafénib (BraftoviMD), un inhibiteur du BRAF, en association avec le cétuximab (ErbituxMD), un inhibiteur du R-EGF, a permis d’obtenir des résultats positifs chez les patients atteints d’un cancer colorectal métastatique avec mutation V600E du gène BRAF. Le traitement combiné a récemment été approuvé aux États-Unis pour ce sous-groupe de patients.

Certains patients atteints d’un cancer colorectal avec mutation V600E du gène BRAF présentent également une instabilité des microsatellites; ils pourraient donc répondre aux immunothérapies comme le nivolumab (OpdivoMD) et le pembrolizumab (KeytrudaMD).

Le gène KRAS (Kirsten Rat Sarcoma) joue un rôle dans la croissance et la division des cellules du cancer colorectal. Il fait partie d’une voie dans la cellule qui dépend d’un récepteur précis situé à la surface des cellules, le récepteur du facteur de croissance épidermique (R-EGF). Lorsque le gène KRAS est anormal ou muté, comme c’est le cas chez 35 à 45 % des patients atteints d’un cancer colorectal, les traitements ciblés comme les inhibiteurs du R-EGF pourraient ne pas être efficaces.

Dans les cas de cancer colorectal métastatique, le gène BRAF présente le plus souvent la mutation V600E. Les autres mutations du BRAF surviennent chez environ 1 % des patients atteints d’un cancer colorectal métastatique. Comme pour les patients qui présentent des gènes KRAS ou NRAS mutés, ceux atteints d’un cancer avec mutation du gène BRAF pourraient ne pas bien répondre à un traitement par inhibiteur du R-EGF ni à une chimiothérapie standard.

Sous sa forme naturelle et inchangée, le gène KRAS est qualifié de type sauvage. Les patients qui, selon les résultats de l’analyse des biomarqueurs, présentent une tumeur avec gène KRAS de type sauvage sont susceptibles de bien répondre aux traitements à base d’inhibiteurs du R-EGF.

Sous sa forme naturelle et inchangée, le gène NRAS est qualifié de type sauvage. Les patients qui, selon les résultats de l’analyse des biomarqueurs, présentent une tumeur avec gène NRAS de type sauvage sont susceptibles de bien répondre aux traitements à base d’inhibiteurs du R-EGF.

Le gène NRAS intervient principalement dans la régulation de la division cellulaire et, comme le gène KRAS, il joue également un rôle dans la voie cellulaire induite par le R-EGF. Les mutations du gène NRAS sont présentes dans moins de 5 % des cancers colorectaux. Comme pour le gène KRAS, un traitement par inhibiteurs du R-EGF pourrait s’avérer inefficace chez un patient qui, selon les résultats de l’analyse des biomarqueurs, présente une mutation du gène NRAS.

Le gène PIK3CA intervient dans la croissance et la division cellulaires. Les mutations de ce gène sont associées à une efficacité minime des traitements par inhibiteur du R-EGF.

L’carcinoembryonnaire (ACE) est l’un des biomarqueurs les plus utilisés au monde. Il s’agit d’une protéine située à la surface des cellules du cancer colorectal. Le dosage de l’ACE peut servir à déterminer si le traitement est efficace ou à vérifier si le cancer est réapparu. Après le traitement, un taux d’ACE qui était auparavant élevé et qui revient à la normale signifie généralement que le cancer a répondu au traitement. En revanche, une élévation du taux d’ACE après la fin d’un traitement signifie généralement la réapparition du cancer.

Une hausse du taux sanguin de l’ACE peut aussi être associée à une affection non cancéreuse, comme une maladie inflammatoire du côlon ou du rectum telle que la colite ulcéreuse.

L’ADN tumoral circulant (ADNtc) consiste en de petits fragments d’ADN qui proviennent des cellules tumorales et se retrouvent dans le sang. La plus grande partie de l’ADN se trouve dans le noyau de la cellule. Lorsque la tumeur croît, toutefois, les cellules meurent et se dégradent. Leur contenu, y compris l’ADN, est alors libéré dans le sang. La quantité d’ADNtc varie d’une personne à l’autre et dépend du type de tumeurs, de son emplacement et du stade du cancer. Les tests de détection de l’ADNtc sont parfois appelés biopsie liquide.

La détection de l’ADNtc peut être utile pour les motifs suivants :

  • Détecter et diagnostiquer une tumeur
  • Adopter une approche plus personnalisée dans le traitement du cancer
  • Faire le suivi du traitement, puisqu’une diminution de l’ADNtc suggère que la tumeur rétrécit et donc que le traitement est efficace

  • Surveiller la présence d’une récidive du cancer, puisque l’absence d’ADNtc dans le sang suggère que le cancer n’a pas réapparu

Au Canada, certains tests de détection de l’ADNtc sont déjà réalisés, mais seulement chez des personnes ayant un diagnostic connu de cancer. Par exemple, l’un de ces tests est conçu pour rechercher, dans l’ADNtc de personnes atteintes d’un cancer avancé, des mutations précises qui pourraient être ciblées de manière sélective par des médicaments existants. La biopsie liquide s’avère particulièrement utile lorsqu’il est impossible de réaliser une biopsie de tissus. Des études sont en cours afin de peaufiner les tests de détection de l’ADNtc dans le but d’élargir leur utilisation à la détection précoce du cancer.

L’endroit du côlon où le cancer colorectal se trouve peut avoir une incidence sur l’évolution de la maladie. Les tumeurs situées du côté droit présentent différentes caractéristiques moléculaires que celles situées du côté gauche. Par conséquent, les tumeurs ont tendance à répondre différemment au traitement selon le côté du côlon où elles se trouvent.

Lorsque le gène NTRK « fusionne » avec un autre gène non connexe, la cellule se met à produire des signaux pouvant entraîner la formation de tumeurs cancéreuses. Bien que très rares, les cas de fusion TRK, lorsqu’ils sont détectés, peuvent être traités au moyen de médicaments ciblant précisément le cancer colorectal métastatique avec fusion du gène NTRK, comme l’entrectinib (RozlytrekMD) et le larotrectinib (VitrakviMD).

Le gène HER2 intervient dans la division cellulaire. Une surexpression du HER2 est présente chez environ 2 à 6 % des patients atteints d’un cancer colorectal de stade 3 ou 4. La présence d’une mutation du gène HER2 a été associée à de faibles taux de réponse aux inhibiteurs du R-EGF.

L’association trastuzumab-déruxtecan (T-DXd) est un traitement ciblé approuvé pour le cancer du sein HER2 positif métastatique. Son efficacité a également été démontrée pour le cancer colorectal HER2 positif métastatique. L’étude de phase II DESTINY-CRC01 a démontré que le traitement prolongeait la survie globale des patients de ce sous-groupe par rapport au traitement de référence.

Le statut d’instabilité élevée des microsatellites (IMS-élevée) et de déficience du système de réparation des mésappariements de l’ADN (dMMR) est donné aux patients dont les gènes de réparation des mésappariements, qui sont responsables de corriger les erreurs dans l’ADN lors de la division cellulaire, sont incapables de faire leur travail. Lorsque ces gènes ne fonctionnent pas correctement, les erreurs qui surviennent peuvent entraîner l’instabilité de l’ADN, ce qui peut mener à divers types de cancers, y compris le cancer colorectal. Une tumeur qui présente une telle instabilité est classée comme IMS-élevée.

Environ 25 % des tumeurs IMS-élevée ou dMMR sont associées au syndrome de Lynch. Environ 5 % des patients atteints d’un cancer colorectal métastatique présentent une tumeur IMS/dMMR. Les patients de ce sous-groupe sont plus susceptibles de répondre à un traitement par immunothérapie, comme le nivolumab (OpdivoMD) ou le pembrolizumab (KeytrudaMD).