L’histoire de Becky Cassidy

« Vous avez le cancer. » Pour moi, du fait qu’il s’agit de ma propre santé, ces mots se trouvent en haut de liste des « pires mots possible à entendre de votre médecin ». Surtout quand vous êtes une mère de 3 enfants, que vous venez d’avoir une césarienne il y a 4 mois et que vous êtes au milieu d’une pandémie mondiale. Beurk.

En février 2020, près d’un an après la naissance de mon deuxième enfant, je me suis rendue à l’hôpital d’Estevan pour une coloscopie de routine. En effet, je devais subir des coloscopies de routine depuis que le médecin avait trouvé des polypes lors d’une évaluation de certains problèmes de digestion dont je souffrais il y a quelques années. Après cette dernière coloscopie, le médecin m’a informée qu’il avait trouvé quelques polypes dans mon côlon, et qu’il n’avait pas pu retirer un d’entre eux, car il était trop invasif. Il m’a expliqué que même si celui-ci n’avait pas l’air cancéreux, par précaution, il en avait prélevé une biopsie. Il m’a immédiatement dirigé vers un gastro-entérologue à Regina. Bien que le médecin local insistait que je sois vue ce jour-là, l’hôpital de Regina ne pouvait.

Arrive la pandémie mondiale de la Covid-19.

Cela a causé tout un problème et, comme vous pouvez l’imaginer, toutes les procédures de routine ou les procédures qui n’étaient pas considérées comme « urgentes » ont été reportées sur une longue liste d’attente. Bien que le médecin ici à Estevan en était convaincu, mon cas n’a pas était catégorisé comme urgent à Regina.

Entre-temps, les résultats de ma biopsie sont sortis, et le polype n’était pas cancéreux à ce stade – mais il fallait le traiter – sinon il pourrait éventuellement se transformer en cancer.

Arrive la grossesse de mon troisième enfant.

À ce moment-là, nous ne le savions pas j’étais enceinte d’environ 5 minutes de mon troisième enfant lors de ma coloscopie. (Évidemment pas 5 minutes, parce que si vous avez déjà fait la préparation de coloscopie, vous comprendriez que ce serait physiquement impossible…)

Au moment où ils ont enfin réussi à me faire entrer pour enlever ce méchant polype, j’étais enceinte et ressemblais à « un gros melon miel ». Cependant, pour des raisons évidentes, il n’est pas recommandé de passer des scanneurs pendant la grossesse. Ils m’ont donc, informée qu’ils m’enverraient une lettre quelques mois après la naissance de mon enfant et que la procédure serait faite à ce moment-là.

Arrive le cancer.

Après une grossesse assez normale, je me suis retrouvée avec une césarienne d’urgence à l’hôpital Saint-Joseph en novembre 2021. J’ai eu une belle petite fille, l’ajout parfait à notre petite famille. Mais dans ma tête trottait constamment la question « Est-ce que cela s’est transformé en cancer maintenant? Quand vont-ils m’appeler?”

En décembre, la liste d’attente à l’hôpital de Pasqua était encore longue, et à ce moment-là, sans savoir pourquoi, mon cas a été classé différemment et ne requérait plus qu’un « scanner » et rien d’autre. Il n’y avait aucune note au sujet du polype dangereux. Après avoir pris ma propre défense en main en parlant directement avec le gastro-entérologue pour expliquer ma situation, et avoir insisté pour qu’il regarde les notes et les photos que le médecin d’Estevan lui avait envoyées, il s’est rendu compte que mon cas était tombé entre deux chaises et que cela devait être traité avec urgence. Ce qui, à cause de la Covid-19, cela a résulté en deux mois d’attente.

En avril 2021, je me suis rendu à l’hôpital de Pasqua pour le moment de vérité. J’étais nerveuse, et je n’étais pas contente d’aller à l’hôpital seul (à cause de la Covid). J’ai allaité mon bébé de presque 5 mois dans le stationnement, j’ai dit au revoir à mon mari et je me suis approchée de l’unité gastro. Après avoir passé mon scanneur, j’ai eu le pressentiment quelque chose n’allait pas bien. Le spécialiste et d’autres membres du personnel sont entrés dans la salle et m’ont annoncé : « désolés, mais vous avez le cancer ».

Comment est-ce possible? Mon médecin n’avait même pas encore les résultats de la biopsie. Il savait. Et je savais. Voilà, le mot « C » redouté. J’ai commencé à pleurer. Mon corps et mon intestin étaient épuisés, mon lait maternel fuyait, mes émotions post-partum faisaient rage et mon cœur se sentait complètement brisé. Je ne m’étais jamais sentie aussi seule. J’ai fait le chemin de retour vers le stationnement où mon mari et mon bébé attendaient les nouvelles.

Mon mari m’a serrée dans ses bras, et nous avons pleuré ensemble. Pendant que je nourrissais mon bébé dans le stationnement de l’hôpital – il m’a dit « Un problème n’est pas le problème, le problème est l’attitude que l’on prend pour faire face au problème ». Sur le moment, évidemment, je voulais lui donner un coup de poing dans le nez pour avoir dit cela – mais il avait raison. Et nous allions nous en sortir. Ensemble.

Mon mari est mon meilleur ami. Il est mon rocher, ma force et je n’aurais pas pu passer à travers toute cette péripétie sans lui. Il est gentil et patient et aborde chaque situation avec prévenance et détermination. Ma force pour passer à travers le tout m’est venue des gens que j’aime. Mes parents, mes sœurs, mes amis, mon fils spirituel de 12 ans, mon fils effronté de trois ans et ma douce petite fille. Mais, plus particulièrement, de mon mari. Lorsque vous trouvez quelqu’un qui a le courage de conduire 2 heures pendant que vous êtes assise sur une cuvette portative (porta-loo) sur le siège arrière de son camion et vous vous vider les tripes pour vous préparer pour la chirurgie, et qui ne peut conduire avec la fenêtre ouverte et malgré tout, est capable de sourire et vous dire qu’il vous aime – vous savez que vous avez trouvé l’homme avec qui vous serait heureuse de quelqu’un pour vieillir et devenir toute ridée.

Dans les jours qui suivraient, les médecins m’ont avertie que j’aurais besoin d’une « chirurgie de résection du côlon », une hémicolectomie droite. Mon cancer était agressif et invasif, et sachant à quelle vitesse il est passé d’un polype à un cancer, il devait être traité dans un délai d’un mois pour s’assurer qu’il ne se propageait pas à mon foie ou à mes reins. Il s’agirait d’une chirurgie minimalement invasive; ils ouvriraient ma cicatrice de césarienne fraîchement guérie et creusaient quelques autres trous dans mon ventre et découpaient le cancer avec la moitié de mon gros intestin et, d’une manière ou d’une autre, comme une licorne magique, l’attachaient à lui-même.

« OK, j’ai compris, ce n’est pas la mer à boire ». Après une tomodensitométrie et une IRM pour m’assurer que le cancer ne s’était pas propagé et après avoir été piquée et bousculée ce qui semblait être un million de fois, j’étais médicalement prête pour la chirurgie.

En tant que mère d’un très jeune bébé, la partie la plus difficile était de savoir que je ne pouvais pas être la « maman » comme je l’ai fait pour mes autres enfants quand ils étaient bébés. À cause de la chirurgie, j’ai dû arrêter de l’allaiter. Je savais que je ne pourrais pas me lever avec elle la nuit, je ne pourrais pas du tout la soulever pendant six semaines; J’aurais besoin de beaucoup de soutien. Je savais que ma famille passerait à travers et que mon mari pourrait survivre avec très peu de sommeil – mais ce sont les pensées et les inquiétudes qui m’ont amené à mes points les plus vulnérables et les plus bas au cours de cette trajectoire.

Après avoir dépensé plus de 200 $ sur chaque type de biberon sur le marché et pleuré tous les jours du fait que je n’arrivais pas à faire boire ma fille de 5 mois d’aucune autre source que moi – un jour, elle m’a juste regardé et avec son petit air intelligent en voulant dire “OK maman – je vais le faire ”. Elle a finalement décidé de boire du biberon. C’est alors que j’étais prête à subir ma chirurgie.

Le 12 mai 2021, j’ai subi une hémicolectomie droite à l’Hôpital général de Régina. L’équipe de chirurgiens a percé six trous dans mon ventre et a retiré la moitié de mon côlon. Après quelques jours à l’hôpital, j’étais libre de rentrer à la maison!

Les résultats de cette biopsie sont sortis environ une semaine après ma chirurgie. J’avais un adénocarcinome invasif de stade 1 – et le cancer ne s’était propagé à aucun de mes ganglions lymphatiques. Le chirurgien m’a dit que même si je devais encore voir l’oncologue, il était sûr que je n’avais pas besoin de chimiothérapie ou de radiothérapie. L’oncologue a confirmé qu’aucun autre traitement n’était nécessaire, mais que le cancer était proche du stade 2, avec quelques « comportements agressifs ». Il soupçonnait également qu’en raison du profil protéique ma tumeur et de certains prétests qui ont été effectués sur celle-ci, il était possible que j’aie le syndrome de Lynch. Le syndrome de Lynch est causé par une mutation génétique héréditaire. Les personnes atteintes du syndrome de Lynch risquent davantage d’être atteintes de cancer colorectal, de cancer de l’endomètre et d’autres cancers.

Le risque de cancer varie selon la mutation génétique; par conséquent, il est important que les personnes atteintes du syndrome de Lynch sachent quelle mutation génétique elles ont. J’ai été envoyé pour des tests et bien que ce soit un long processus pour diagnostiquer cela, il était très important que je découvre les résultats afin que je puisse prendre des décisions éclairées sur ma santé à l’avenir. Si mes tests sont positifs, j’aurais à faire face à un tout nouveau parcours.

J’aurai également de nombreux tests de suivi à subir avec des analyses sanguines tous les trois mois, des tomodensitométries annuelles et des coloscopies chaque année (woohoo)!

Parce qu’il s’agissait d’un tel voyage émotionnel, j’ai décidé qu’il serait très thérapeutique pour moi de créer un « vlog » sur mon expérience (Un blogue vidéo). J’ai créé une chaîne You-Tube et pris des vidéos de l’ensemble du processus. Les rendez-vous, l’IRM, la chirurgie, comment se préparer pour une coloscopie – tout ce que cela impliquait.

C’était non seulement important parce que cela m’aidait à faire face à mon problème, mais je pense vraiment que le cancer du côlon est le cancer dont on entend le moins parler alors que souvent il peut être évité. Je veux que les gens qui s’interrogent sur leur propre santé pensent « peut-être que je devrais subir un scanneur ou soumettre cette trousse ». Je tenais à normaliser le cancer du côlon – parce qu’en ce moment, les gens ne veulent pas en parler. Le cancer du côlon est la deuxième cause de décès due au cancer chez les hommes et la troisième cause de décès due au cancer chez les femmes au Canada. C’est une statistique qui fait réfléchir. D’autant plus que dans mon cas, s’il avait été traité plutôt, mon problème ne se serait pas du tout transformé en cancer. La prévention est la clé. Et ce n’est pas seulement un cancer qui affecte la génération plus âgée.

Je n’ai que 20 + 17 ans, et depuis que je fais partie du « monde du cancer du côlon » sur les médias sociaux, j’ai rencontré des centaines de personnes de moins de 40 ans atteintes d’un cancer du côlon.

L’apparition de ma première vidéo a généré une vague de commentaires de soutien. C’était une leçon d’humilité et incroyable. Mes vidéos ont eu des milliers de visiteurs, et des gens du monde entier m’ont contacté, me remerciant d’avoir partagé mon histoire et ont partagé leur histoire avec moi. Beaucoup de gens ont mentionné qu’après avoir regardé les vidéos, ils allaient prendre un rendez-vous pour faire face à leurs problèmes.

Mon cancer était un jeu d’enfant par rapport aux personnes atteintes d’un cancer du côlon de stade 3 ou 4! La chirurgie, la radiothérapie, plus de chirurgie – ce n’est PAS une trajectoire facile. Les gens ne veulent pas parler des problèmes de « côlon » – ils trouvent cela embarrassant ou intimidant, mais sachant maintenant à quel point le cancer du côlon est mortel, j’espère vraiment que mon expérience partagée peut aider les autres.

Si je peux aider ne serait-ce qu’une seule personne à ne pas avoir à passer par la trajectoire du « cancer du côlon », tout mon temps à créer des vidéos et à partager mon expérience en aura valu la peine.

Les six derniers mois ont vraiment été une vraie « péripétie ». Lorsque vous découvrez que vous avez le cancer, tout à coup les autres problèmes dans votre vie semblent triviaux.

Cette expérience m’a appris à :

  1. 1 Prendre une seconde. Prenez une seconde pour rire avec votre tout-petit quand il rote grossièrement à la table de la cuisine après avoir soufflé des bulles dans leur lait au chocolat. Lorsque votre conjoint essaie de vous faire danser dans la cuisine lorsque vous préparez frénétiquement le dîner et que vous essayez de faire sortir les enfants pour jouer au hockey – prenez une seconde pour danser avec lui. Prenez une seconde pour serrer dans vos bras votre préadolescent maladroit même s’il ne le veut pas et dites à votre voisin à quel point vous l’appréciez lorsqu’il vous apporte de la tarte, ou à votre collègue pour vous avoir toujours inclus dans le loto du bureau. Ce sont les choses qui comptent. Prenez une seconde.
  2. 2 Il est si important de défendre vos propres intérêts en ce qui concerne vos propres soins de santé. Si vous pensez que quelque chose ne va pas, ou si vous sentez que vous êtes « tombé entre deux chaises », ne l’ignorez pas. Dites quelque chose, prenez des notes, parlez-en. Défendez vos intérêts et ceux des gens que vous aimez.
  3. 3 La préparation à la coloscopie est merdique. Littéralement. Mais le cancer du côlon est pire.

Mon parcours avec le cancer est terminé pour l’instant, mais mon parcours de plaidoirie pour la sensibilisation ne fait que commencer.

Visitez la chaîne Youtube inspirante de Becky ici : https://www.youtube.com/channel/UCdJ9e73G7jDX-AVEI7XtMag

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