Histoire de Patient: Pierre
Récemment, nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Pierre qui a été diagnostiqué avec un cancer colorectal à présentation précoce (CCR-APP) pendant la pandémie. Il nous a parlé un peu de lui-même et de ses expériences concernant son diagnostic et son traitement. Nous espérons que l’histoire de Pierre nous permettra de continuer à sensibiliser les gens concernant le cancer colorectal à présentation précoce ainsi qu’à l’importance de prendre certains symptômes au sérieux, même quand la personne a moins de 50 ans !
Parlez-nous un petit peu de vous!
Je m’appelle Pierre et j’habite à Toronto, en Ontario. À l’âge de 36 ans, j’ai décidé de retourner aux études pour obtenir mon diplôme de comptabilité et éventuellement obtenir mon certificat de CAC (comptable agréé certifié) (Chartered Professional Accountant). J’ai travaillé dans les relations publiques pendant environ 15 ans et cela m’a vraiment fait du bien. Cependant, j’ai décidé qu’il était temps de changer de carrière, alors j’ai décidé de me lancer dans la comptabilité. Je suis passionné d’aviron – je suis membre de l’Argonaut Rowing Club et j’enseigne l’aviron en salle (tout comme un cours d’aviron mais sur un rameur !) pour Scullhouse. Voilà donc qui je suis ! Je suis un rameur, en relations publiques depuis 15 ans, un étudiant, vivant à Toronto qui fait de son mieux pour gérer tous ces éléments en période de pandémie de la COVID-19.
Étiez-vous au courant de la possibilité d’être atteint de CCR-APP avant votre diagnostic ?
Je n’étais vraiment pas sensibilisé au cancer. Pour moi, et je n’aime pas le dire, c’était vraiment une maladie qui ne concernait que les personnes âgées. Ma mère avait un cancer du poumon, ma tante a été diagnostiquée avec un cancer colorectal à la fin de ses 70 ou au début de ses 80 ans. J’ai également découvert que ma grand-mère, bien que n’ayant jamais été diagnostiquée, était très probablement atteinte d’un cancer colorectal. J’avais, donc des antécédents familiaux mais je n’y ai jamais prêté attention avant l’arrivée de mes symptômes.
Quels sont les symptômes que vous avez éprouvés ? Combien de temps s’est-il écoulé entre l’apparition des symptômes et le diagnostic ?
Je viens d’avoir 40 ans au début mars, juste avant l’arrivée de la COVID-19. Environ un mois plus tard, j’ai ressenti le besoin d’aller aux toilettes fréquemment. J’ai remarqué que mes selles contenaient beaucoup de sang, et que j’éprouvais une sensation différente (diarrhée presque sableuse).
Peu de temps après, j’ai commencé à ressentir des crampes très faibles après avoir mangé des aliments riches en fibres. Jusqu’à ce moment-là, rien ne m’empêchait de poursuivre mes activités quotidiennes. Je continuais de remarquer que mes selles changeaient de manière drastique. J’étais une personne très « régulière », deux à trois fois par jour, mais cela est passé à une fois tous les deux ou trois jours. C’était un signe que quelque chose n’allait pas. Ce qui m’a fait appeler mon médecin, c’est la sensation d’urgence d’aller aux toilettes que je ressentais de plus en plus et une fois que j’y allais, a rien ne se passé – comme si j’avais tout imaginé. Cela me réveillait même au milieu de la nuit.
En mai, alors que nous étions en pleine première crise de la COVID, j’ai rempli un questionnaire en ligne depuis mon hôpital, détaillant mes symptômes, en attendant qu’on me rappelle pour prendre rendez-vous avec mon médecin. En moins de deux minutes, j’ai reçu une réponse et le lendemain, j’ai eu une consultation téléphonique avec mon médecin. Il m’a prescrit des analyses de selles et de sang pour le lendemain matin, et m’a laissé du temps pour un examen physique, un scanner ou une échographie le lendemain. Donc, mercredi, c’était la consultation téléphonique, jeudi, les analyses de selles et de sang, et vendredi, j’ai rencontré mon médecin. J’ai passé mon scanner juste après mon rendez-vous. Le lendemain, mon médecin m’a appelé pour me dire qu’il voyait une inflammation et qu’il allait appeler le bureau du gastro-entérologue. Il m’a aussi dit que j’aurais besoin d’une coloscopie. J’ai reçu un appel le lundi suivant pour me préparer à une coloscopie dès le mercredi matin qui suivait. Avant ma coloscopie, le médecin est entré et m’a dit que j’étais beaucoup trop jeune et en bonne santé, et qu’il s’agissait probablement d’une infection. Pendant la coloscopie, il examinait l’extrémité de mon caecum et a posé sa main sur mon ventre pour montrer où elle se trouvait. J’ai dit « c’est bizarre, parce que c’est là que les crampes commencent ». Il a commencé à prélever des échantillons de tissu, alors à ce moment-là, mes pensées se sont mises à aller vers toutes sortes de possibilités. J’ai reçu un appel de mon médecin le jour suivant pour m’expliquer que je devrais normalement aller à l’hôpital mais qu’en raison de la COVID, cela se faisait par téléphone. Ils m’ont dit qu’ils avaient envoyé les tissus pour une biopsie et que le résultat révélait un cancer du côlon. Cela a donc, pris huit jours entre la consultation initiale et l’obtention d’un diagnostic.
Vos expériences avec les traitements
Quelques jours après avoir reçu mon diagnostic, j’ai rencontré un chirurgien oncologue parce que j’avais besoin d’une hémi colectomie du côté droit. Il s’est écoulé moins d’un mois entre le diagnostic et l’intervention chirurgicale. Tout s’est passé si vite.
Un mois après l’opération, j’ai commencé un traitement de chimiothérapie. J’ai suivi un traitement de CAPOX de quatre cycles qui s’est terminé à la fin de semaine de l’Action de Grâce. Chaque cycle a duré trois semaines ; j’ai eu une combinaison de thérapie par voie intraveineuse et ensuite principalement par voie orale. Était-ce que c’était dû à cause de la COVID ? Je ne pense pas. Je pense que c’est juste à cause de la nature de la maladie dont j’étais atteint.
À cause de la COVID, je ne pouvais pas être accompagné par personne pour les rendez-vous chez le médecin, la chirurgie ou le traitement de chimiothérapie. Ceci était un des seuls impacts négatifs de la COVID sur mon expérience. Jusqu’à présent, tous mes suivis se font par téléphone, et c’est peut-être la nouvelle façon d’aller de l’avant après la COVID, qui sait ! J’espère que ceux qui ont vraiment besoin de soins en personne n’en seront pas privés. Mais j’ai la chance de pouvoir faire ces suivis par téléphone et je me sens parfaitement bien avec ce mode de fonctionnement.
Y a-t-il quelque chose de significatif qui ressort de votre expérience de diagnostic de cancer que vous souhaiteriez partager avec nous?
Je suis une personne particulièrement indépendante et j’ai tendance à faire les choses par moi-même. C’est la première fois de ma vie que je me suis rendu compte que je devais dépendre d’autres personnes pour arriver à faire certaines choses ici et là. C’était une grande leçon de vie pour moi que d’avoir à demander de l’aide aux gens quand c’est nécessaire.
Quand quelque chose ne va pas, n’ayez pas peur d’appeler votre médecin, vous êtes la première personne à connaître vos symptômes. Je n’ai jamais eu peur des médecins, je n’avais simplement aucune raison d’y aller, à part mes examens médicaux annuels et quelques petites choses ici et là. En rétrospective, j’aurais tant voulu avoir fait mon premier appel au médecin dès la première minute où j’ai vu le sang. Les choses se sont passées si vite et j’ai eu beaucoup, beaucoup de chance. Du point de vue du traitement, l’état d’esprit est primordial. Je sais que c’est un cliché de dire une chose pareille mais c’est vrai. J’ai eu la chance que mon employeur me soutienne tout au long de ce processus. (J’ai travaillé tout au long de mon traitement, à l’exception d’une période de récupération de deux semaines après l’opération). En fait, j’ai commencé mon CAC entre l’opération et la chimio.
Donc, pour moi, la plus grande leçon apprise est que même si le cancer devient une partie importante de votre vie, il est important de ne pas le laisser vous arrêter de continuer à travailler sur les objectifs que vous vous êtes fixés. J’ai beaucoup appris sur la chimiothérapie, les coloscopies, le cancer et le fait que ce n’est pas nécessairement une maladie visible, mais cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas. Si vous avez des crampes ou si vous avez des envies urgentes d’aller aux toilettes, parlez-en à votre médecin.
Avez-vous remarqué des lacunes dans les ressources ou les informations à un moment quelconque de votre expérience?
Tout au long de ce processus, à plusieurs reprises, j’ai consulté sur le site web du CCC pour trouver plus d’informations sur le cancer du côlon, pour lire les témoignages de patients et pour voir ce que je pouvais faire après le traitement. , . J’absorbais simplement toutes les informations telles qu’elles m’étaient présentées parce que les choses se passaient si vite.
J’aurais aimé avoir plus d’informations sur la communauté LGBTQ2+ et sur le cancer. La plupart du temps, nous parlions des MST, du VIH et d’autres sujets semblables. J’aurais tant aimé qu’il y ait plus d’informations sur le cancer. Je voulais être rassuré de l’effet de mon cancer sur l’activité sexuelle. Est-ce que je pourrais encore être actif à ce niveau ? Ce genre de questions a été soulevé. Heureusement, mon médecin a pu y répondre et me réconforter. Ensuite, j’ai discuté avec mes amis et nous avons tous constaté que dans la communauté [LGBTQ2+], on ne parle pas vraiment de cancer. Cependant, la réalité est telle que la maladie ne discrimine pas. Nous sommes tous susceptibles à l’attraper.
Avez-vous d’autres pensées à ajouter?
Le cancer ne fait pas de discrimination. J’ai eu une grande surprise lorsque j’étais à l’hôpital Princess Margaret pendant ma chimio et mes traitements par intraveineuse. J’entrais en pensant que j’allais me retrouver dans une salle pleine de personnes âgées. J’ai été stupéfait par le nombre de personnes qui semblaient plus jeunes que moi ou avaient mon âge. Ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais. Il y avait des gens d’origines différentes, d’âges différents, d’ethnies différentes et provenant de tous les horizons. J’ai été choqué.
De la part de nous tous au CCC, nous aimerions remercier Pierre d’avoir pris le temps de partager avec nous son histoire de CCR-APP. Des histoires comme celle de Pierre attirent l’attention sur l’importance de consulter un médecin lorsque des symptômes apparaissent, quel que soit l’âge. Cliquez ici pour en savoir plus sur le CCR-APP : https://www.colorectalcancercanada.com/colorectal-cancer/early-age-onset-colorectal-cancer/, et restez connecté à notre page Facebook pour les mises à jour de notre programme « Jamais trop Jeune (Never Too Young) ».