Les signatures du microbiome intestinal pourraient aider à élucider les disparités dans le cancer colorectal précoce
Mai 2024
Une étude récente publiée dans le Journal of Immunotherapy and Precision Oncology suggère que la composition du microbiome intestinal pourrait révéler des caractéristiques ou des signatures distinctes associées à la race, à l’ethnicité et à l’âge d’apparition du cancer colorectal (CCR).
Le microbiome intestinal désigne les billions de micro-organismes, y compris les bactéries, les champignons, les parasites et les protozoaires, qui colonisent notre système gastro-intestinal. Le microbiome intestinal influence notre santé de nombreuses façons, jouant un rôle clé dans notre santé immunitaire et nous protégeant contre les agents pathogènes (micro-organismes pouvant causer des maladies). Le microbiome peut toutefois être déséquilibré pour diverses raisons, telles que l’alimentation et le mode de vie, ce qui augmente les risques de développer certaines maladies.
Au cours des dernières décennies, l’incidence des diagnostics de cancer colorectal précoce (ceux qui surviennent chez les personnes âgées de moins de 50 ans) a augmenté. Le microbiome intestinal est un sujet de recherche important pour comprendre les facteurs qui peuvent contribuer à l’augmentation des taux de CCR chez les jeunes.
L’étude
L’étude a analysé les microbiomes intestinaux de 64 patients atteints de CCR. Les patients ont été classés en fonction de leur race, de leur origine ethnique et de l’âge auquel ils ont été diagnostiqués. Près de la moitié des patients avaient moins de 51 ans et 47 % étaient hispaniques. Des échantillons de selles ont été prélevés sur les patients afin d’identifier les micro-organismes présents dans leur microbiome, et des méthodes statistiques ont été utilisées pour comparer les données entre les patients et les comparer en fonction de l’âge et de la race.
Les chercheurs n’ont pas identifié de signatures de microbiote communes aux jeunes patients atteints de CCR par rapport aux patients plus âgés. Ils ont toutefois constaté que les patients plus jeunes présentaient une moins grande diversité de micro-organismes dans leurs microbiomes intestinaux, ce qui est généralement lié à de moins bons résultats en matière de santé.
Les patients hispaniques blancs présentaient des concentrations significativement plus élevées de bactéries de la famille des Prevotellaceae. Cette famille de bactéries est associée à des taux plus élevés de métabolisme du glucose (le processus de décomposition des glucides en glucose, la molécule énergétique utilisée pour alimenter nos cellules), à des taux plus élevés de maladies inflammatoires et à la toxicité induite par la chimiothérapie. En outre, les bactéries de la famille Prevotellaceae peuvent également être liées à l’obésité.
Conclusions
L’examen et la comparaison de la composition du microbiome intestinal dans différents groupes de patients traités pour un cancer colorectal suggèrent que les bactéries de la famille des Prevotellaceae pourraient être impliquées dans le développement de la maladie. Les chercheurs souhaitent continuer à étudier les effets des bactéries Prevotellaceae sur la progression du cancer à un âge précoce et comprendre si cette famille de micro-organismes a un impact direct sur la maladie ou sur sa réponse au traitement. Une meilleure compréhension de l’impact du microbiome sur l’apparition précoce du cancer pourrait déboucher sur des stratégies thérapeutiques potentielles telles que la modification du microbiome par des changements alimentaires, des antibiotiques sélectifs, des probiotiques de précision et la transplantation de microbiote fécal (procédure qui consiste à transplanter à un patient des micro-organismes intestinaux sains provenant des selles d’un donneur).