L’utilisation de l’ADNtc pour déterminer le bénéfice d’une chimiothérapie adjuvante après une intervention chirurgicale
Les résultats d’une étude récente sur les avantages potentiels du test de l’ADN tumoral circulant (ADNtc) pour les patients atteints de cancer colorectal ont été présentés lors du 2024 American Society of Clinical Oncology (ASCO) Gastrointestinal Cancers Symposium (Symposium sur les cancers gastro-intestinaux) en janvier dernier.
Actuellement, pour déterminer si un patient a besoin d’un traitement supplémentaire après une intervention chirurgicale, on se base principalement sur le stade du cancer et sur d’autres facteurs de risque clés, notamment si le cancer s’est propagé aux ganglions lymphatiques (métastases) ou à d’autres tissus et organes (métastases à distance). Alors que de nombreux patients recevront une chimiothérapie supplémentaire et en tireront des bénéfices, certains patients peuvent recevoir une chimiothérapie après la chirurgie sans aucun bénéfice supplémentaire. L’ADNtc est un outil qui a le potentiel de personnaliser le traitement du cancer afin que les traitements supplémentaires ne soient administrés qu’aux patients qui sont les plus susceptibles d’en tirer des bénéfices.
Qu’est-ce que l’ADNtc?
Lorsque des cellules cancéreuses sont présentes dans l’organisme, elles libèrent leur matériel génétique (ADN) dans la circulation sanguine. Le test de l’ADNtc consiste à examiner le sang d’un patient pour détecter la présence de quantités microscopiques d’ADN tumoral circulant (ADNtc). S’il est détecté, un plan de traitement personnalisé peut être élaboré pour le patient. Le test de l’ADNtc n’est pas invasif et ne nécessite qu’une simple prise de sang. Ce test est également capable de détecter la présence de cellules tumorales à des niveaux beaucoup plus faibles que ceux qui seraient détectés par des tests d’imagerie standard tels qu’une tomodensitométrie.
L’étude
L’étude a utilisé le test personnalisé Signatera™ ctDNA qui est construit à partir des mutations uniques trouvées dans le tissu tumoral de chaque patient. Pour plus d’informations sur ce test, visitez leur site web : https://www.natera.com/oncology/signatera-advanced-cancer-detection/). 2 998 patients ont été inclus dans l’étude. Les patients ont subi des prélèvements sanguins à différents intervalles – 1, 3, 6, 9, 12, 18 et 24 mois après l’intervention chirurgicale ou jusqu’à ce que leur cancer réapparaisse. Les patients ont également subi des tomographies du thorax, de l’abdomen et du bassin tous les 6 mois.
Les patients dont l’ADNct était positif (présence d’ADN tumoral dans le sang) avaient un taux de survie sans maladie nettement inférieur à celui des patients dont l’ADNtc était négatif (absence d’ADN tumoral dans le sang). Ce qui signifie que les individus avec un ADNtc positif était beaucoup plus susceptible de voir leur cancer réapparaître ou récidiver.
Les patients qui sont restés positifs à l’ADNtc jusqu’à 6 mois étaient plus de cinq fois plus susceptibles de connaître une récidive du cancer que ceux qui étaient négatifs à l’ADNtc.
445 patients de l’étude avaient un résultat deADNtc positif et de ceux-ci 240 ont reçu une chimiothérapie adjuvante (chimiothérapie administrée après l’intervention chirurgicale). Pour les patients dont l’ADNtc était positif après l’opération et qui sont devenus négatifs après la chimiothérapie adjuvante, 58 % ont conservé leur statut d’ADNtc négatif, tandis que 42 % sont redevenus positifs à l’ADNtc. Pour les patients dont l’ADNtc était positif et qui ont été traités par chimiothérapie adjuvante, ceux qui ont connu une diminution des niveaux d’ADNtc d’au moins 50 % au bout de 6 mois ont été associés à de meilleurs résultats en ce qui concerne les taux d’ADNtc.
Qu’est-ce que cela signifie ?
Ces résultats sont importants car ils montrent l’importance d’un statut négatif durable de l’ADNtc et l’impact d’un changement des niveaux d’ADNtc de plus de 50 % à 6 mois sur la survie sans maladie. Ces résultats montrent que les patients dont l’ADNtc est négatif pourraient être épargnés par la toxicité d’une chimiothérapie supplémentaire sans compromettre leur survie à long terme, et que les patients dont l’ADNtc est positif pourraient être identifiés pour recevoir une chimiothérapie supplémentaire. Une surveillance étroite des niveaux d’ADNtc après la chirurgie permet une détection plus précoce de la récidive du cancer, ce qui peut permettre une intervention plus rapide avec le traitement, améliorer les chances de guérison et/ou prolonger la survie.
