
L’usage d’antibiotiques et le cancer du côlon : Des preuves supplémentaires du lien qui existe entre les deux
Les résultats obtenus d’une étude de population suédoise publiée ce mois-ci dans le journal du National Cancer Institute viennent appuyer l’ensemble des preuves qui démontrent une association entre l’usage d’antibiotiques et un risque accru de contracter un cancer du côlon. Les preuves d’une grande étude écossaise publiée plus tôt cette année ont révélé que des antécédents d’utilisation d’antibiotiques chez les personnes de moins de 50 ans semblent augmenter le risque de développer un cancer du côlon de 49%.
L’étude suédoise a examiné les données de plus de 40 000 patients atteints d’un cancer colorectal et de 200 000 personnes témoins sans cancer au cours de la période 2005-2016 (11 ans). L’utilisation d’antibiotiques se détaille comme suit:
• aucun usage (aucun usage d’antibiotiques rapporté pendant la période de l’étude)
• faible (un usage pendant une période de 1-10 jour)
• modéré (un usage de 11-60 jours)
• élevé (un usage de 61-180 jours)
• très élevé (>180 jours)
L’usage modéré d’antibiotiques a augmenté le risque pour le cancer du côlon proximal (côté droit) de 9% alors que l’utilisation très élevée d’antibiotique l’a augmenté de 17%. Le lien entre l’usage d’antibiotiques et le développement du cancer du rectum est très différent (lien inverse), où le risque a été réduit de 4% dans le cas d’un usage modéré et de 9% dans le cas d’une utilisation très élevée – un lien qui n’a été retrouvé que chez les femmes.
Quand l’analyse a été effectuée par site de tumeur, le rapport dose-réponse entre l’utilisation antibiotique et le risque de CCR a été, dans la plupart des cas, constaté au niveau du côté droit du côlon dans le cas d’un usage modéré et très élevé comparativement au cas d’aucun usage. Le lien est presque inexistant dans les cas de cancer du côlon distal (côté gauche).
En examinant le lien selon les sous-sites de tumeur, tous les niveaux d’usage n’allant à aucune utilisation des antibiotiques ont démontré un gradient de risque au niveau du côlon et du rectum, avec un lien positif plus significatif dans le cas de cancer du côlon ascendant à aller à un lien inverse dans le cas de cancer du rectum.
Un fait intéressant à retenir est que pour une classe d’antibiotique, l’hippurate de méthénamine, un antibiotique des voies urinaires sans effets connus sur le microbiote intestinal, aucun lien n’a été retrouvé avec le risque global de CCR.
Discussion
Les résultats de l’étude démontrent un lien significatif entre l’usage d’antibiotiques et un risque plus élevé de cancer au niveau du côté droit du côlon. Cette constatation rejoint les résultats obtenus dans des études antérieures. L’absence de tout lien entre l’usage du hippurate de méthénamine, un antibiotique agissant localement dans les voies urinaires et le risque de CCR vient expliquer, indirectement, comment la dysbiose du microbiome intestinal peut être le mécanisme sous-jacent qui est impliqué dans le lien entre l’utilisation d’antibiotiques et le développement du cancer du côlon.
Le gradient de risque observé le long du « continuum » colorectal est compatible avec l’existence d’une activité microbienne élevée dans le côlon proximal, et une concentration décroissante des acides gras à chaîne courte le long du côlon (les principaux sous-produits générés par les bactéries intestinales dans le gros intestin).
Ce fait indique un impact bactérien accru et une fermentation plus élevée au niveau du côté droit du côlon par rapport au côté gauche. Il est important de noter que les associations entre l’utilisation d’antibiotiques et les cancers du côté droit du côlon ont commencé au niveau le plus bas de l’utilisation antibiotique, soulignant l’importance d’en faire une utilisation clinique judicieuse.
Le message à retenir:
Une étude récente indique une association significative entre l’utilisation d’antibiotiques et l’incidence plus élevée du cancer du côlon proximal (du côté droit) qu’elle entraine et une association inverse pour le cancer rectal chez les femmes. Ces résultats soutiennent des données précédentes et mènent à une meilleure compréhension du lien entre les antibiotiques et le développement de cancer colorectal pour chaque site.