La sous-représentation dans le domaine des essais cliniques sur le cancer
Novembre 2021
Les résultats d’une étude récente publiée dans JAMA Network Open ont démontré le manque de représentation de divers groupes raciaux et ethniques dans les essais cliniques de médecine de précision. Les résultats soulignent la nécessité de remédier au manque de participation diversifiée aux essais cliniques sur le cancer afin de garantir des données de santé plus généralisables et de bénéficier des avancées de la recherche sur le cancer pour tous les individus.
L’étude
L’étude consistait à passer en revue le registre ‘clinicaltrials.gov’ et d’identifier les essais cliniques ouverts aux États-Unis par type de cancer (sein, colorectal, poumon et prostate) ayant des objectifs de médecine de précision, y compris le séquençage de l’ADN, l’analyse des tumeurs, le fardeau mutationnel tumoral et les tests génétiques. Les études éligibles ont ensuite été évaluées pour leur déclaration des données démographiques raciales et ethniques.
Les données américaines sur l’incidence du cancer par race et origine ethnique ont été recueillies à partir de la base de données de surveillance, d’épidémiologie et de résultat final (SERF) de l’Institut National du cancer (National Cancer Institute).
Les constatations
197 essais cliniques répondant aux mesures de précision de l’oncologie ont été examinés du point de vue de l’analyse de la race et de l’origine ethnique. Sur les 197 études, 93 ont présenté les données appropriées tandis que 104 études n’ont pas communiqué d’informations sur la race et l’origine ethnique.
Sur les 93 études, 5867 patients ont été recrutés :
- 4826 (82,3 %) étaient de race blanche non hispanique
- 587 (10,0 %) de race noire
- 238 (4,1 %) de race asiatique
- 200 (3,4 %) des participants hispaniques
- 16 (0,3 %) des Amérindiens/natifs de l’Alaska
Dans toutes les études d’oncologie de précision, le rapport de la participation observée à la participation attendue (basée sur le taux du cancer) selon la race et l’origine ethnique était de 1,35 et de 1,46 pour les participants de race blanche et asiatique (surreprésentés). Les participants de race noire ont été considérablement sous-représentés avec un ratio observé/attendu de 0,49, les participants hispaniques avec un ratio de 0,24 et les Indiens d’Amérique/autochtones de l’Alaska avec un ratio de 0,43.
En examinant les données par type de cancer, les participants blancs étaient surreprésentés dans tous les types de cancer. Les participants asiatiques étaient surreprésentés dans les études sur le poumon, le cancer colorectal et le sein. Les participants noirs et hispaniques étaient sous-représentés dans tous les types de cancer. Les participants amérindiens/autochtones de l’Alaska étaient représentés en très petit nombre, donc n’étaient pas représentés par type de cancer.
Les participants de race asiatique étaient surreprésentés dans les études sur les poumons, les cancers colorectaux et les seins. Les participants de race noire et hispanique étaient sous-représentés dans tous les types de cancer. Les participants amérindiens/autochtones de l’Alaska étaient représentés en très petit nombre, donc ne sont pas représentés par type de cancer.
Conclusions
Cette étude indique le besoin urgent d’augmenter le recrutement de divers participants aux essais cliniques sur le cancer afin de mieux comprendre comment les résultats du traitement varient en fonction des différences raciales et ethniques. Alors que le domaine de l’oncologie migre rapidement vers une approche de médecine personnalisée basée sur l’analyse des biomarqueurs tumoraux et les variations génétiques/génomiques, il y a une compréhension beaucoup plus limitée des variations dans la biologie sous-jacente du cancer au niveau des différents groupes raciaux et ethniques. Cela a un impact sur la véritable option de faire des rapprochements de la recherche clinique sur le cancer à la population en général, et pose la question importante à savoir si toutes les personnes bénéficient également des percées de la recherche sur le cancer.
Cependant, il existe de nombreux obstacles différents à l’augmentation du recrutement chez les groupes de patients plus diversifiés. La volonté des personnes des groupes sous-représentés dans la participation à la recherche clinique vient de la fiabilité perçue des chercheurs, des établissements qui mènent cette recherche et de l’information fournie sur les études de recherche.
Une étude qui a examiné les perspectives afro-américaines et hispaniques sur la médecine de précision a révélé que, bien que les deux groupes croyaient que la médecine de précision peut améliorer les résultats en matière de santé, les deux étaient préoccupés par le fait que les disparités existantes dans l’accès et la qualité des soins de santé empêcheraient leurs communautés de bénéficier de la médecine de précision1.
Les stratégies visant à accroître une participation plus diversifiée aux essais cliniques sur le cancer comprennent des programmes dédiés à la navigation des patients, à l’éducation des patients sur la génétique et les tests génétiques, à de nouvelles conceptions d’essais, à une diversité accrue parmi les scientifiques, les chercheurs ainsi que le personnel des essais cliniques pourraient aider à accroître la confiance entre les participants. De plus, une meilleure communication des données démographiques raciales et ethniques doit être appliquée afin que le suivi de toute amélioration de la diversité et de la représentation puisse être correctement observé au fil du temps et puisse servir de base à de futures analyses comparatives.
Le message à retenir:
Les résultats d’une étude récente ont mis en évidence la sous-représentation de divers groupes raciaux et ethniques dans les essais cliniques de médecine de précision aux États-Unis. Des stratégies ciblées pour remédier au manque de participation diversifiée aux essais cliniques sur le cancer sont indispensables, pour garantir des données de santé plus généralisables et bénéficier des percées de la recherche sur le cancer pour tous les individus.