ASCO GI 2022: Un essai ayant pour but d’évaluer la pertinence de l’immunothérapie en milieu néoadjuvant pour le traitement contre le cancer du rectum localement avancé

Janvier 2022

La thérapie néoadjuvante totale (TNT) est une approche de base pour le traitement contre le cancer du rectum localement avancé (stade II/III) qui donne une meilleure réponse complète pathologique (pCR), ainsi que des améliorations à la survie sans maladie (SSM) et à la survie globale (SG), tout en réduisant le risque de développement de métastases éloignées1.

Thérapie Néoadjuvante: un traitement comme une radiothérapie ou une chimiothérapie administrée avant un traitement principal, qui est habituellement une chirurgie.  

Réponse pathologique complète: l’absence de tous signes de cancer dans les échantillons de tissus prélevés après un traitement par chimiothérapie ou radiothérapie.

Survie sans maladie: la durée de vie d’un patient après le traitement pendant laquelle il n’y a pas de signes ou de symptômes de la maladie.

 Survie globale: la période qui s’écoule entre le moment du diagnostic ou au début du traitement jusqu’au moment du décès.

La TNT vise à fournir un régime de traitement pré chirurgical et néoadjuvant intensive aux patients atteints d’un cancer du rectum grâce à la combinaison de la chimiothérapie systémique avec la chimio radiothérapie afin d’améliorer les taux de pCR et de survie.

La chimiothérapie néoadjuvante dans le contexte de la TNT consiste habituellement en les régimes de combinaison de FOLFOX (acide folinique, fluorouracile et oxaliplatine) ou de CAPOX (capécitabine et oxaliplatine). Ceci est précédé ou suivi d’une chimio radiothérapie consistant en une radiothérapie de courte ou de longue durée (choix entre la radiothérapie de courte et la radiothérapie de longue durée en fonction du protocole du centre de cancérologie où elle est administrée et des besoins et préférences du patient). Ceci est suivi par une nouvelle détermination du stade du cancer ainsi par la possibilité de procéder à la chirurgie ou non dépendant de la réponse du patient à la thérapie néoadjuvante

Les principales considérations concernant la chirurgie au niveau du rectum

La chirurgie rectale est associée à des taux plus élevés de complications (p. ex. dysfonction sexuelle, incontinence). Ainsi, les patients atteints d’un cancer du rectum qui obtiennent une réponse pathologique complète après une thérapie néoadjuvante peuvent être considérés pour la prise en charge non opératoire, également connue sous le nom de « surveiller et attendre » (SA). L’approche SA consiste en une surveillance et des suivis très étroits des patients qui ont obtenu une réponse complète après TNT dans le but d’éviter la chirurgie à moins qu’elle ne soit nécessaire, comme dans le cas où le cancer réapparaît (récidive du cancer).

L’étude

Les tumeurs IMS-E (MSI-H/dMMR ) représentent environ 5-10% de tous les cancers du rectum. Les patients avec ce type de tumeurs ont démontré qu’ils étaient plus susceptibles d’être obligés d’avoir recours à une chimiothérapie néoadjuvante.

Cependant, le cancer du rectum avancé à instabilité de microsatellite élevée (IMS-E)(MSI-H) /présentant une disparité déficiente de réparation (dMMR) peut être traitée avec l’immunothérapie. L’usage de l’immunothérapie dans l’approche néoadjuvante chez les patients présentant la maladie localement avancée n’a pas été exploré.

Une étude récente de phase II (NCT04165772) qui vise à évaluer l’utilisation précoce de l’immunothérapie dans le cadre du TNT pour les patients atteints d’un cancer du rectum localement avancé (stade II/III). Les patients atteints d’un cancer du rectum (dMMR ISM-E) (dMMR MSI-H) de stade II/III ont reçu une immunothérapie néoadjuvante (dostarlimab) accompagnée ou non de chimio radiothérapie dans le cadre du TNT pendant une période totale de 6 mois.  Les patients ont d’abord reçu l’immunothérapie, et ceux avec n’importe quelle maladie restante après 6 mois de traitement ont continué à recevoir la chimio radiothérapie de base. Après la chimio radiothérapie, tous les patients qui n’ont pas atteint une réponse complète ont été contrôlés par une chirurgie.

Les constatations

Parmi les 13 patients inscrits à l’étude, aucun n’a eu besoin d’une chimio radiothérapie ou d’une chirurgie, et aucun n’a subi d’événements indésirables graves. En tant que tel, pour ce sous-ensemble de patients ayant reçu une immunothérapie néoadjuvante, celle-ci semble être un traitement efficace et bien toléré leur permettant d’éviter la chimio radiothérapie et la chirurgie entièrement. Elle représente une stratégie originale pour traiter le cancer du côlon IMS-E/dMMR. Le suivi à long terme et l’expansion de l’étude pour évaluer cette approche de traitement dans une plus grande population de patients est en cours.

Le message à retenir:

L’utilisation de l’immunothérapie dans l’approche néoadjuvante semble être un traitement sûr, efficace et bien-toléré pour des patients présentant un cancer du rectum localement avancé de ISM-E/dMMR.

[1] https://theoncologist.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/onco.13824#:~:text=The%20role%20of%20total%20neoadjuvant,survival%20compared%20with%20standard%20treatment.

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