ASCO GI 2022: Des faits clés ressortant sur l’oxaliplatine pour le traitement du mCCR
Janvier 2022
L’oxaliplatine est un important agent chimiothérapeutique intraveineux utilisé pour traiter le cancer colorectal avancé (CCR). Il est habituellement administré en combinaison avec d’autres agents chimiothérapeutiques, comme le fluorouracile et la leucovorine (p. ex. FOLFOX – Acide folinique + fluorouracile + OXaliplatine).
L’oxaliplatine est considéré comme l’agent chimiothérapeutique le plus neurotoxique, affectant l’activité normale du système nerveux. Ce médicament est la cause de la neuropathie périphérique, qui peut parfois être irréversible. Les symptômes comprennent de la douleur, une sensation d’épingles et d’aiguilles, des engourdissements et de la faiblesse.
En tant que tel, l’efficacité de l’oxaliplatin dans le traitement du mCCR est entravée par la neurotoxicité qui devient l’élément limitant sur la dose pouvant être administrée imposant ainsi une réduction de dose afin de prévenir la neuropathie à long terme. Les deux études suivantes examinent l’avantage de l’oxaliplatine dans le régime de traitement de différents sous-groupes de patients atteints de CCR.
a) Comprendre l’avantage de l’oxaliplatine chez les patients plus âgés
Selon les résultats de l’étude de phase III JCOG1018 RESPECT, l’ajout d’oxaliplatine à la chimiothérapie à base de 5 FU plus le bévacizumab ne s’est pas démontré bénéfique pour les patients atteints d’un cancer colorectal métastatique (mCCR) plus âgés. Les résultats de l’étude indiquent que l’ajout d’oxaliplatine n’augmentait pas la survie sans progression (SSP) des patients comparativement au 5-FU plus le bévacizumab. De plus, il était associé à une plus grande toxicité.
Selon le chercheur principal Tetsuya Hamaguchi, MD, PhD, du Centre médical international de l’Université médicale de Saitama au Japon, bien que le 5-FU plus oxaliplatine avec le bévacizumab soit considéré comme le traitement initial standard (de première intention) pour les patients atteints de mCCR, vu que les patients âgés sont sous-représentés dans les essais cliniques, l’avantage de cette thérapie intensive de première intention dans ce sous-groupe de patients n’est toujours pas évident.
Parmi les 251 patients atteints de mCCR participant à l’essai, 126 ont été choisis au hasard pour recevoir du 5-FU plus le bévacizumab avec de l’oxaliplatine et 125 ont été sélectionnés pour recevoir du 5-FU plus le bévacizumab seuleulement. La chimiothérapie basée sur le 5-FU a été administrée comme capecitabine oral ou flourouracil intraveineux plus le leucovorin. L’âge moyen des participants dans le groupe d’oxaliplatin était de 79 ans, et de 80 ans dans le groupe de no-oxaliplatin.
Les patients qui ont reçu l’oxaliplatin ont des réactions défavorables plus fréquentes comparativement aux patients qui n’ont pas reçu l’oxaliplatin, y compris la neutropénie (24% contre 15%), la neuropathie sensorielle (57% contre 15%), la fatigue (32% contre 21%), la nausée (22% contre 10%) et la diarrhée (16% contre 7%). La durée de la SSP (PFS) moyenne était de 10 mois dans le groupe d’oxaliplatin comparativement à 9,4 mois dans le groupe sans oxaliplatin, alors que la survie globale moyenne (SG) était de 19,7 mois dans le groupe d’oxaliplatin et de 21,3 mois dans le groupe sans oxaliplatin.
Le taux de réponse global s’élève à 47,7 % contre 29,5 %, respectivement.
Le fait que l’oxaliplatine était associé à un plus grand nombre d’événements indésirables et n’a entraîné aucune amélioration significative de la SSP à mené les chercheurs à conclure que le 5-FU plus le bévacizumab est le traitement initial recommandé pour les patients atteints de mCCR plus âgés.
b) Comprendre l’impact de retirer l’oxaliplatine du traitement adjuvant pour les patients atteints d’un cancer du côlon de stade III
parmi des patients atteints de cancer du côlon à haut risque au stage III, six mois de la chimiothérapie auxiliaire à base d’oxaliplatin (chimiothérapie qui suit la chirurgie) est considéré comme le traitement de base. Bien que l’arrêt complet du traitement adjuvant serait susceptible d’aggraver les résultats pour les patients. En fait, il y a actuellement un manque de données sur l’impact de l’arrêt de l’oxaliplatine seulement.
L’étude
L’équipe de recherche dirigée par Claire Gallois, MD, de l’Hôpital européen Georges Pompidou à Paris visait à comprendre deux éléments clés dans leur étude :
– l’impact de l’arrêt du traitement adjuvant avant que les cycles prévus ne soient terminés;
– l’impact de l’élimination de l’oxaliplatine du traitement uniquement avant que les cycles prévus ne sont terminés.
Les données provenant des patients atteints d’un cancer du côlon de stade III ayant été recueillies à partir de 11 essais cliniques pertinents dans les bases de données ACCENT et IDEA ont été analysées dans cette étude. Les bases de données sur les points finaux des adjuvants du cancer du côlon (ACCENT) et l’évaluation internationale de la durée de la chimiothérapie adjuvante (IDEA) impliquent des analyses de données cliniques sur l’utilisation optimale de la chimiothérapie adjuvante pour les patients atteints de la maladie de stade III.
Des patients ont été traités avec une combinaison de leucovorin, de fluorouracil, et d’oxaliplatin (FOLFOX) ou de capecitabine plus oxaliplatin (CAPOX) et ce, pour une durée de 6 mois.
Les constatations
Une fois que 75% des cycles prévus ont été terminés, le retrait de l’oxaliplatine n’a pas été associé à la survie sans maladie (SSM) (DFS) ou à la survie globale (SG)(OS). Cependant, dans les cas où moins de 50% des cycles contenant de l’oxaliplatin étaient terminés et que l’oxaliplatin a ait été retirée, les patients ont démontré une période (SSM) moins longue.
Par contre, l’arrêt du traitement auxiliaire (arrêt avant que 75% des cycles de chimiothérapie prévus aient été terminés) a été associé à une diminution de la SSM et la SG.
En conclusion
Le Dr Gallois en est arrivé à la conclusion que pour les patients atteints d’un cancer du côlon de stade III à haut risque ayant reçu régime de chimiothérapie de 6 mois, le fait d’avoir complété tous les cycles de traitement prévus influe sur les résultats de (SSM)et de SG.
Chez les patients qui développent de la neurotoxicité due au traitement, les résultats de l’étude ne recommandent pas que l’oxaliplmatin soit administré au-delà de 75% des cycles prévus. Ceci met en évidence le rôle principal que joue la chimiothérapie basée sur la 5-FU-dans les cas de chimiothérapie auxiliaire contre le cancer du côlon localement avancé au stade III.
Le message à retenir:
Deux études ont évalué l’utilisation de l’oxaliplatine dans le traitement de différents sous-groupes de patients atteints de cancer colorectal. Étant donné que ce médicament chimiothérapeutique est associé à des lésions nerveuses potentiellement irréversibles, la détermination de la dose efficace minimale pouvant être administrée en toute sécurité aux patients sans impact négatif sur les résultats de survie est une étape importante vers l’amélioration de la qualité de vie des patients sous traitement.